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Ma grossesse, notre bébé, nos choix !

Droits entourant la période périnatale : comment s’y préparer ?

Félicitations ! Le test est positif, bienvenus dans le club, vous allez devenir parents ou agrandir votre magnifique famille !

L’aventure de la parentalité s’ouvre à vous et vous aurez des décisions importantes à prendre. Pas de temps à perdre. Mais avant de se laisser emporter par le raz de marée, prenons un petit moment ensemble pour se poser une question qui est trop souvent mise de côté : quels sont vos droits comme parents ?

Le sujet des droits est assez large et n’est pas nécessairement le premier qui vient à l’esprit quand l’on apprend qu’on va devenir parents. Mais justement, ça change quoi de les connaitre pour la grossesse, l’accouchement, la période postnatale et les soins pour votre bébé ?

Votre choix, dès le début !

Tu as le droit de choisir les professionnel·le·s de la santé pour le suivi de ta grossesse ! Oui oui, c’est toi qui décides si tu as envie d’un suivi avec un·e sage-femme, un·e omnipraticien·ne, un·e infirmièr·e praticien·ne spécialisé·e ou un·e gynécologue-obstétricien·ne. Et si, en cours de route, ça ne marche pas comme tu le souhaites avec la personne que tu avais choisie au départ, tu as le droit de changer à tout moment ! Tu sais, les interactions avec certaines personnalités très différentes de la nôtre, ce n’est pas facile même à l’âge adulte.

Je t’arrête là, je t’entends déjà « Je ne suis pas pour changer de médecin juste parce que c’est une boule d’énergie et que moi, j’aime le calme quand même ! ». Oui, comme adulte on devrait quand même pouvoir interagir avec des gens ayant des personnalités différentes et s’entendre. Mais si les différences ou frictions empêchent le développement d’une relation de confiance, ça pourrait nuire à exercer tes autres droits.

La grossesse, l’accouchement et la période postnatale représentent des moments de grande vulnérabilité où l’on doit se sentir en sécurité, en confiance et bien entourées pour vivre ces moments de la manière souhaitée !

L’information : la base du choix

Tu as le droit d’avoir accès à une information complète.

C’est quoi ça ? C’est être renseignée sur les avantages, les limites, les inconvénients et les effets indésirables en lien avec ce qu’on nous propose.

Que ce soit un dépistage, un examen, une intervention ou un médicament, tu as le droit de savoir pourquoi on te le propose, à quoi ça sert et ce que ça peut faire dans ton corps ou dans celui de ton bébé. On doit aussi te proposer des alternatives et toujours inclure l’option de décliner la proposition.

De plus, il ne devrait pas y avoir de représailles si tu optes pour une des alternatives ou si tu refuses.

Avoir accès à une information complète, c’est aussi connaitre toute l’information entourant l’évolution de sa grossesse.

Vrai ou faux ?

Tu peux avoir accès à ton dossier médical sur simple demande, et ce, en tout temps ?

VRAI. Ton dossier médical t’appartient. Tu as donc le droit d’y avoir accès en tout temps. Tu peux en demander une copie auprès de la personne responsable de ton suivi de grossesse et une copie doit t’être remise. Il se peut que tu aies à adresser ta demande aux archives de l’établissement de santé concerné par contre.

Tu peux quitter l’hôpital sans que toi et ton bébé ayez reçu le congé médical officiel signé en bonne et due forme ?

VRAI.  C’est une chose de rester à l’hôpital plus longtemps, car toi ou ton bébé avez besoin d’un soin particulier, mais c’est une toute autre chose lorsqu’on reste pendant des heures inutilement parce qu’on attend notre congé ! Je tiens à souligner que ceci s’applique surtout pour le contexte d’un suivi avec un·e médecin et d’un accouchement en centre hospitalier. Un·e sage-femme donne généralement le congé trois heures après la naissance si maman et bébé vont bien, car il y aura une visite à domicile dès le lendemain.

Vos droits pour l’accueil de votre enfant !

Une fois que votre bébé est né, vous avez le droit de :

  • le garder avec vous et d’avoir accès à des mesures facilitantes;
  • l’allaiter ou non, d’avoir accès au soutien adéquat en tout temps et d’exiger qu’aucun supplément additionnel ne lui soit donné;
  • décider quels soins lui sont apportés : On doit donc vous en parler AVANT de les faire et vous avez toujours l’option de les décliner. Dans un rare cas où votre bébé a besoin de soins immédiats et urgents après sa naissance, ça peut aller vite, mais on devrait ensuite prendre le temps de vous expliquer ce qui s’est passé, les soins donnés et ceux à venir. Pendant le séjour, si votre bébé a besoin de dépistages, de médicaments ou de suivis particuliers, vous avez le droit de savoir pourquoi et de les décliner si vous n’en voulez pas.

Je t’arrête là à nouveau, je t’entends déjà te dire « Je ne dirais pas non à des soins dont mon bébé a besoin, je veux que mon bébé soit en santé ». C’est vous qui prenez les décisions pour votre bébé et il se peut que l’on vous propose des soins qui ne correspondent pas à vos valeurs. Vous êtes les parents, c’est votre bébé donc c’est votre choix ! De là l’importance d’être bien renseigné·e·s.

Exemples de soins qu’on peut proposer au nouveau-né

  • Application de l’onguent ophtalmique
  • Injection de vitamine K
  • Programme de dépistage québécois néonatal sanguin et urinaire
  • Suivi de glycémie
  • Suppléments de préparation commerciale pour nourrissons
  • Aspiration des sécrétions
  • Et il peut y en avoir d’autres…

Comment faire valoir et respecter vos droits ?

La première étape : se renseigner

Bonne nouvelle, c’est fait, vous avez lu jusqu’ici, donc vous connaissez mieux vos droits !

Il se peut que vous n’ayez pas à faire de démarches particulières pour faire valoir vos droits, mais il est préférable de s’y préparer.

La deuxième étape : s’outiller

Informez-vous sur les différentes étapes de la grossesse et l’accouchement ainsi que la période postnatale. Posez des questions aux professionnel·le·s que vous aurez choisi·e pour le suivi de grossesse, et qui pourront vous offrir l’information nécessaire pour prendre les décisions relatives aux soins de maman et de bébé.

Déterminer vos souhaits de naissance

Détermine tes souhaits avec ton ou ta partenaire et parles-en à ta famille, aux personnes qui vont t’accompagner à la naissance et surtout aux professionnel·le·s de la santé qui vous entourent.

Établissez un plan de match ensemble et écrivez-le dans un plan de naissance que vous pouvez amener avec vous. Voici un bel outil créé par Cible Famille Brandon, dans une approche de coparentalité.

Assurez-vous d’y inscrire les éléments essentiels auxquels vous tenez. Par exemple, c’est important d’y inscrire que tu aimerais réduire le va-et-vient dans la chambre et faire diffuser de l’huile essentielle de lavande pendant le travail, pour favoriser une ambiance de détente. C’est tout aussi important de noter que tu ne veux pas une intervention médicale ou que tu aimerais que l’on t’offre des moyens d’accompagnement de la douleur non pharmacologiques en premier.

Une fois votre plan de naissance rédigé, comment s’assurer qu’il sera lu et respecté ? Est-ce que ta ou ton partenaire se sent capable d’être la personne gardienne de vos souhaits ou c’est préférable de donner ce rôle à une autre personne ? Parfois, écrire un plan de naissance ne suffit pas. Ça prendra peut-être une personne qui n’hésitera pas à parler en votre faveur et poser les bonnes questions au bon moment pour faire valoir vos souhaits. Qui sera cette personne pour vous ? Un autre membre de la famille, un·e ami·e, un·e accompagnant·e à la naissance ?

Tu as l’impression que tes droits n’ont pas été respectés ?

Il arrive parfois que quelque chose se soit passé qui nous laisse avec des émotions fortes. On n’arrive pas toujours à mettre le doigt exactement sur ce qui nous dérange par rapport à l’événement en question. On peut vivre entre autres de la frustration, de l’incertitude ou de la tristesse.

Si tu crois que tes droits n’ont pas été respectés ou que tu as vécu une violence obstétricale, c’est important  de déposer ton vécu auprès de ton ou ta partenaire, d’un proche, ou auprès d’autres parents. En parler et être soutenue t’aidera à cheminer à travers les différentes émotions que tu ressens.

Tu peux aussi questionner les gens impliqués. Ça te permettra peut-être de mettre l’événement en perspective. Ceci ne changera pas ton vécu, mais peut t’aider à répondre à des questions et des doutes que tu pourrais avoir.

Viens en parler à Mèrentraide à Cible Famille : se sentir écoutée et entendue fait un grand bien.

Écris une lettre décrivant l’expérience et ton ressenti : mettre sur papier ou à l’écran ce qui nous a blessé·e·s et ce qu’on aurait aimé à la place peut être libérateur. Cette lettre peut être conservée pour plus tard, remise à un·e proche, simplement détruite ou brûlée symboliquement. À toi de voir ce qui te fera du bien !

Tu peux aussi consulter un·e professionnel·le de la santé mentale qui pourra t’accompagner adéquatement. Voici le lien du portail de ressources en santé mentale de Lanaudière.

Il existe plusieurs recours si tes droits n’ont pas été respectés :

  • Le site droitsETgrossesse.ca vise à informer les femmes, les personnes enceintes et leur entourage sur leurs droits, facilitant les décisions éclairées, une participation aux soins, une protection en milieu de travail, une liberté de choix ainsi que la sécurité physique et psychologique. Il offre une exploration détaillée des droits et propose plusieurs ressources de soutien, ainsi que des explications sur les démarches pour défendre ses droits.
  • Tu peux déposer une plainte formelle auprès du Commissariat aux plaintes et à la qualité des services de l’établissement de santé concerné. Voici le lien pour le CISSS de Lanaudière : https://www.cisss-lanaudiere.gouv.qc.ca/votre-cisss/commissaire-aux-plaintes-et-a-la-qualite-des-services/
  • Une plainte peut également être déposée auprès de l’Ordre professionnel de la personne impliquée. Il suffit d’aller sur le site de l’ordre et il y a toujours une page dédiée à la protection du public. Faire une plainte peut te redonner de la puissance dans le processus car tu vas contribuer à améliorer les services rendus et éviter que cela ne se reproduise pour d’autres personnes.
  • Finalement, tu peux consulter un·e avocat·e afin de déposer un recours en responsabilité civile en vue d’obtenir une compensation pour vos dommages. Le délai de prescription est normalement de trois ans après la date de l’événement ayant causé le dommage.

En bref…

La grossesse et l’accueil d’un enfant représentent des expériences uniques. Beaucoup de choix s’offrent à vous. Prenez le temps de bien vous informer auprès des professionnel·le·s qualifié·e·s, de votre Centre de ressources périnatales ou de ressources en ligne fiables[1]. Laissez-vous un temps de réflexion afin d’établir ce qui est important pour vous, car cette expérience vous appartient. C’est par l’entremise de vos choix que votre histoire se dessinera !

Il faut se rappeler que le respect passe forcément par l’imposition de limites. Quelles sont vos limites pour votre grossesse et la naissance de votre enfant ?

Les choix que vous ferez pendant la période périnatale ne sont que les premiers parmi des milliers que vous aurez à prendre comme parents.

Mon souhait pour vous, chers parents, soyez bienveillant·e·s envers vous-même et faites-vous confiance !

Par Julie Brown, étudiante sage-femme de troisième annéestagiaire pour Cible Famille Brandon 

Crédit photos : Galerie d’images du Regroupement Les sages-femmes du Québec 

[1] Quelques références :

Pour en savoir plus sur les activités et services de Cible Famille Brandon en périnatalité :

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